Le courrier des Antilles sous surveillance douanière
L’interpellation mardi 22 septembre au Chesnay en flagrant délit de deux facteurs en possession d’une enveloppe dans laquelle était sensée se trouver un kilo de drogue confirme la tendance à son approvisionnement par voie postale depuis les Antilles et la Guyane, la cocaïne et le cannabis étant les principales substances illicites véhiculées. « Les douaniers surveillent particulièrement le courrier provenant des Antilles » affirme une source à l’OFDT, l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies.
Les postiers s’adonnaient à leur trafic depuis environ un an : les courriers envoyés dans les environs de Versailles, récupérés par leurs soins et vendus. Probablement mis en examen ce vendredi, l’affaire se poursuivra avec des investigations aux Antilles.
En mars 2015 au Mans, un colis de 4 kilos à 240 000 € en provenance de la Guyane a été détecté et intercepté, entraînant le placement en garde à vue de quatre personnes : un père, une mère, leurs fils et belle-fille.
En juillet 2014, un trafic entre la Martinique et Sarcelles avait été démantelé. Des centaines d’enveloppes contenant quelques grammes de cocaïne traversaient l’océan Atlantique par courrier ordinaire. En juillet dernier, le chef de bande a été condamné à 6 ans de prison, 5 pour son complice principal et 2 ans pour le relayeur à Sarcelles.
En août 2013, un homme de 37 ans résidant dans le Lot-et-Garonne, destinataire d’un courrier expédié de Guadeloupe et qui contenait 70g de cocaïne s’est vu poursuivi pour détention de drogue.
En 2009 un habitant d’Agen, soupçonné de s’envoyer à lui-même de la cocaïne par courrier depuis St-Barthélemy où il possédait une résidence, a été victime d’une erreur de distribution de son facteur, une enveloppe mise dans la boite aux lettres de son voisin. Ce dernier avait ouvert le courrier et, craignant qu’il ne s’agisse d’anthrax avait alerté la police.
En mai 2008, deux guadeloupéens se faisaient envoyer depuis leur île natale jusqu’à Toulouse de la cocaïne en 4 plis. Condamnés à un an ferme et six mois avec sursis, leur passion postale s’est achevée brutalement.
Les exemples sont légion. Il faut dire que le marché peut s’avérer juteux. Achetée aux Antilles à 6 € le gramme, coupée à son arrivée dans l’hexagone pour un produit pur à 30 ou 40 %, elle est revendue autour de 40 € le g, sextuplant les gains.
La Poste se trouve bien démunie pour définir précisément le contenu des paquets qu’elle achemine ne disposant pas de scanners sophistiqués. Les douaniers effectuent des prélèvements au hasard dans les centres de tri et de distribution, mais c’est principalement la régularité de la réception de colis qui attire leur attention et la région d’origine : particulièrement surveillées les provenances des Etats-unis et des Antilles les limiers de Bercy faisant confiance à leur flair.
Au Centre d’échanges de la poste de Chilly-Mazarin, sur les 5 000 paquets qui transitent 150 et 200 sont ouverts soit 3 à 4 %. Une goutte d’eau qui ne risque pas de stopper les plus téméraires.
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