Société

La Guadeloupe vise 50 % d’énergies renouvelables en 2020

Les énergies renouvelables pèsent 18 % du mix énergétique guadeloupéen. À elle seule, la centrale géothermique de Bouillante, sur La Basse-Terre, couvre 5 % des besoins de l’île en électricité. La société Géothermie Bouillante, qui l’exploite, vise 20 % à l’horizon 2020 comme l’a constaté Bruno Salaün dans le Télégramme, quotidien régional de Bretagne.

De la vapeur, une ressource naturelle, pour produire de l’électricité. Bouillante recèle un trésor géothermique. «Ici, à 300 m sous nos pieds, on trouve une eau à 240º. La chaleur est apportée par un volcanisme sous-marin récent et le fluide, les eaux de mer et douces, s’infiltre en profondeur par des fissures dans le sol», décrypte le géologue Hervé Traineau, de CFG Services.

… Les premières explorations datent de 1963. La mise en route de la première turbine B1 (4 Mégawatts) est intervenue en 1986, celle de la seconde B2 (11 Mégawatts) en 2005. «Le réservoir est évalué à 33 millions de m³. Il se régénère naturellement par infiltration avec 60 % d’eau de mer et 40 % d’eau douce. Le système permet de séparer l’eau de la vapeur, qui doit être la plus asséchée possible pour produire de l’électricité, actuellement 5 % à 6 % de l’électricité consommée en Guadeloupe, soit environ 25.000 foyers. Nous étions à 8 % il y a peu, mais la consommation électrique a nettement augmenté», décrit Sylvia Phibel, assistante de communication pour la société Géothermie Bouillante, qui exploite la centrale.

Didier Gauthier déclare : «L’intérêt de la géothermie est évident. Nous avons le Kilowattheure le moins cher de l’île», émet le patron de cette unité de 18 salariés, qui partage son temps entre Guadeloupe et métropole.

«Notre électricité est rachetée par EDF à 120 €/kWh, ce qui est ridicule à côté des 250 € sortis des turbines EDF de Jarry. Bref, nous tirons vers le bas le prix moyen de l’électricité sur l’île. Ça allège la caisse de compensation gérée par la Commission de régulation de l’énergie. Quand nous faisons 10 M€ de chiffre d’affaires, nous faisons gagner 10.000 € à la collectivité».

«Historiquement, je considère qu’EDF a toujours été un frein au développement des énergies renouvelables, des années 70 à 90. Le monopole n’a pas facilité la diversification des ressources d’énergie», commente en écho Denez L’Hostis, le président de France Nature Environnement, en visite à Bouillante…

Géothermie Bouillante, ambitionne de faire passer sa capacité de production de 15 Mégawatts actuellement à environ 45 Mégawatts. Le projet «Greenfield» de Bouillante 3, vise les 20 Mégawatts à l’horizon 2021. « Au total, ça nous permettra de flirter avec 20 % des besoins de l’île en électricité», expose le directeur général.

«L’aspect très positif, c’est que nous avons affaire à des ressources qui ne sont pas fossiles, il n’y a donc pas de rejet dans l’atmosphère de produits carbonés». «Il s’agit d’un processus relativement propre, même s’il y a, bien sûr, un minimum d’impact sur l’environnement. Le plus important pouvant être le rejet de l’eau chaude en mer, bien qu’il semble très faible voire inexistant sur le milieu marin, selon une étude que j’ai lue. C’est, de surcroît, une ressource pérenne qui s’établit à quelques siècles en durée, c’est bien autre chose que de taper sur des ressources fossiles, qui, elles, ne sont pas du tout renouvelables», insiste le président de FNE.

D’après Sylvia Phibel, des riverains raffolent de cette eau chaude un peu soufrée, refroidie à moins de 45º, qui émane du canal de rejet. Géothermie Bouillante envisage cependant «de réinjecter, à terme, 100 % de l’eau puisée en sous-sol, contre 20 % aujourd’hui».

La société travaille tout autant à réduire d’autres impacts sur l’environnement. «L’hydrogène sulfuré dégagé pose un problème d’odeur, nous avons décidé de le traiter par oxydation. Ce n’est pas totalement génial, car ça enlève l’odeur, mais pas la toxicité, qui reste modérée largement en dessous des seuils. Nous avons déjà traité 50 % d’émissions, il nous faut aller plus loin», reconnaît Didier Gauthier.

Quant au bruit, qui indispose également les riverains de la centrale, le chef d’entreprise assure qu’il décline un programme d’actions en 10-12 points. «Nous allons avancer point par point pour arriver à des niveaux compatibles avec l’arrêté préfectoral. On reste en contact avec les riverains avec la volonté de nous améliorer encore», promet-il. Il ambitionne également de créer une ceinture verte autour du site.

Quoi qu’il arrive, «la voie qui est prise par la Guadeloupe de viser 50 % d’énergies renouvelables en 2020 passe, notamment, par le développement de la géothermie chaude», retient Denez L’Hostis.

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