Société

La France est multiculturelle, tenez-vous le pour dit !

L’équipe nationale française est considérée comme une équipe africaine par de nombreuses personnes dans le monde, en raison de sa nature multiculturelle. C’est injuste pour les joueurs, pour le football français et surtout pour la société française, écrit Ali Farhat pour la Deutch Welle, la radio internationale allemande.

 

La défense par la France de son titre de Coupe du monde s’est soldée par une défaite aux tirs au but contre l’Argentine lors d’une finale sensationnelle, conduisant certains joueurs français, dont Kingsley Coman du Bayern Munich, à subir des abus racistes sur les réseaux sociaux.

Mais même lorsque la France a remporté la Coupe du monde en 2018, des débats entouraient encore l’équipe nationale concernant les origines de ses joueurs, notamment ceux d’origine africaine.

Avant les demi-finales, le journal italien La Gazzetta Dello Sport a qualifié le match entre la France et le Maroc de  » derby africain  » en raison du nombre de joueurs français d’origine africaine. Sur Twitter, le compte comique populaire Troll Football a qualifié la demi-finale de « première africaine » pour ses 2,5 millions de followers.

En France, ce débat est inexistant en dehors de la sphère médiatique de droite, car l’équipe nationale a toujours été un lieu ouvert aux joueurs de tous horizons. Certaines des équipes françaises les plus titrées ont été dirigées par des joueurs dont les parents ou grands-parents étaient immigrés : Raymond Kopa (Pologne), Michel Platini (Italie), Zinedine Zidane (Algérie) et Kylian Mbappe (Algérie et Cameroun).

En France, la nationalité est indissociable de la terre. Être français, c’est avant tout être né sur le sol français. Ainsi, avoir des joueurs représentant la France même si leurs parents sont nés et ont grandi à l’étranger n’est pas un problème pour la grande majorité des Français. La plupart des joueurs de l’équipe nationale actuelle sont nés dans différentes régions de France (Paris, Normandie, Bourgogne, Antilles, etc.) et sont donc français au sens traditionnel.

Ceux qui aiment souligner que l’équipe de France est majoritairement composée de descendants d’immigrés ne le font pas pour les mêmes raisons.

Certains sont racistes et ignorants et ne peuvent pas comprendre qu’un Français puisse être Noir. Certains sont juste jaloux de l’immense succès de la France depuis 1998. Mais d’autres le font pour sensibiliser le public au passé colonial de la France.

Ce fut le cas célèbre lors du segment de Trevor Noah sur la victoire de la France à la Coupe du monde 2018. « Je comprends, ils doivent dire que c’est l’équipe de France. Mais regardez ces gars-là. Vous n’obtenez pas ce bronzage en traînant dans le sud de la France, mes amis.

Si les intentions du présentateur de The Daily Show étaient bonnes, ses propos ont été accueillis au vitriol en France. La plupart des Français, y compris ceux d’origine étrangère, pensaient qu’il ne comprenait pas la société française et l’intégration de longue date des immigrés et de leurs familles.

Nicolas Batum, joueur de la NBA et membre de l’équipe nationale française, a été l’un des critiques les plus virulents du commentaire de Noah. Dans un tweet, l’ancien joueur des Charlotte Hornets a expliqué que ses origines (son papa est camerounais) ne le rendaient pas moins français.

Malgré une relation manifestement tendue entre l’Afrique et la France, l’une des anciennes puissances coloniales de la région, et des problèmes de racisme très évidents dans le pays, la plupart des enfants nés en France de parents africains se sentent français. Ils n’aiment pas qu’on les appelle « les Africains », et ils ne renient jamais leur héritage.

Les fils et les filles d’immigrés se rendent régulièrement dans le pays natal de leurs parents pour les vacances d’été, parlent la langue de leurs ancêtres et partagent les liens culturels et émotionnels profonds de leurs familles africaines. Mais en étant principalement désignées par leurs origines ou leur race, ces personnes, moi y compris, se sentent stigmatisées.

En tant que Français dont les parents sont nés en Tunisie, l’idée que je ne serais pas complètement français est ridicule. Lorsque je pars à l’étranger, je me présente toujours comme un Français si on me demande ma nationalité.

Je suis reconnaissant d’avoir été élevé dans une maison tunisienne où l’arabe et la culture de mes ancêtres m’ont été enseignés, mais j’ai passé la grande majorité de ma vie en France. Je suis né à Paris et j’ai grandi dans l’un des quartiers asiatiques de la ville. J’y ai étudié, joué au football et rencontré mes amis qui viennent tous d’horizons différents (France bien sûr, Togo, Espagne, Egypte, Antilles, Vietnam, Laos, RD Congo, Italie…). Je suis entièrement français.

Je ne pense pas que les joueurs nationaux français, quelles que soient leurs racines, devraient avoir à justifier leur désir de jouer pour l’équipe de France, un pays dans lequel ils sont nés et ont grandi. Un pays dans lequel ils ont appris à jouer au football.

Je ne pense pas non plus que les origines des joueurs minimisent l’immense travail effectué par les académies françaises de football dans tout le pays. Le football français profite-t-il de l’histoire coloniale française ? Bien sûr, personne ne dit le contraire. Mais les joueurs ne devraient pas avoir à subir ce fardeau. Le peuple de France non plus, pour qui cette équipe est un symbole.

Depuis 1998, l’équipe de France est devenue notre prolongement à tous car elle nous ressemble toujours. Le football est le lieu où notre idée d’unité, à travers notre diversité, brille le plus – gagner ou perdre.

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