Je revendique ouvertement ma qualité de « sauvage autochtone »
Il est réconfortant de voir qu’au contraire de certains se murant dans le silence, d’autres restent dignes tel le délégué de la Fondation Bardot à La Réunion, Didier Dérand, tirant ses conclusions suite aux écrits de la défenseure de la cause animale.
Madame,
Les propos que vous avez tenus à l’égard des réunionnais dans votre courrier adressé le lundi 18 mars 2019 au préfet de la Réunion sont inacceptables et me conduisent à vous présenter ma démission en tant que délégué de votre fondation à la Réunion.
Je ne m’étendrai pas sur le contenu dudit courrier. J’en citerai seulement pêle-mêle les termes les plus choquants : « l’île du diable », « Les autochtones ont gardé leurs gènes de sauvages », « des réminiscences de cannibalisme des siècles passés », « une population dégénérée », « des traditions barbares qui sont leurs souches »….
Je dois avouer ma stupéfaction et ma consternation devant autant de contre-vérités, et de propos insultants et discriminatoires.
Je voudrais faire un peu d’humour, je vous dirais qu’en tant que réunionnais, depuis 62 ans que je suis né dans cette île, je revendique ouvertement la qualité de « sauvage autochtone »… Malheureusement l’humour n’a pas sa place ici. Car les accusations sont graves.
Certes, il y a un problème crucial d’errance animale et de maltraitance à la Réunion. Et il est vrai que les fourrières euthanasient à tout de bras. Mais les chats n’ont pas disparu, loin de là ; il n’y a jamais eu d’empoisonnement de masse une fois l’an comme vous l’affirmez ; et la pêche aux requins avec appâts vivants (chiens et chats), pour épouvantable qu’elle soit, n’est qu’une pratique anecdotique, pas une généralité.
Certes, la lutte contre la souffrance animale est une bien noble cause. Mais cela ne saurait justifier de tels excès. Sans être jamais venue chez nous, vous vous en prenez aux réunionnais de façon globale. Vous ignorez totalement nos traditions de tolérance et de vivre-ensemble dans une île de métissage et multiculturelle !
Ne vous rendez-vous pas compte que de telles outrances sapent le travail de base de tous ceux qui, au sein de la Fondation, tentent d’améliorer la condition animale ?!
En tant que délégué depuis plus de 25 ans je le regrette profondément. J’ai toujours eu une très grande admiration pour votre engagement. Moi-même je me suis beaucoup battu pour la protection des animaux et de l’environnement, notamment dans mon île, et je continuerai à le faire. Mais plus sous les couleurs de votre fondation.
Je vous prie d’agréer Madame l’expression de mes sentiments respectueux.
Didier Dérand
Chevalier de l’Ordre National du Mérite au Titre de l’Environnement
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