Culture

Jacques de KERA : La chanson et la couture, deux passions

Originaire de la Guadeloupe, Jacques de KERA, couturier de l’équipe de France de la haute coiffure française et membre du cercle et des arts et techniques est le créateur d’un nouveau concept mode et musique. De retour de l’Inde où il vit la moitié de l’année, le parfumeur et chanteur nous parle avec simplicité et passion de son parcours des années 80. Nous l’avons rencontré dans son quartier le Marais à Paris.

97Land : Quelle est l’origine et la généalogie de votre nom De KERA ?

L’originalité de mon nom De KERA, vient de Karukéra. Avant la Guadeloupe s’appelait Karukéra et avec mon agent nous avons cherché. Je voulais absolument qu’il y ait un rapport avec l’outre-mer, et mes racines très importantes. J’ai pris KERA de KARUKERA pour Jacques de KERA.

97L : Vous avez décidé de vivre à Goa en Inde. Pourquoi ce choix ?

Mon départ en Inde, est du uniquement à l’amour pour le pays que j’ai visité en 1979. Pourquoi l’Inde ? Comme je le dis souvent, j’aime leur univers, et en tant que croyant, je pense que ce pays est l’idéal. Je vis en Inde 6 mois par an et je reviens à Paris. Je ne vous cache pas que je suis à la retraite. Au départ, je voulais vivre au Viêtnam, mais le pays a beaucoup changé et très développé. En 1977 avec mon meilleur ami Pascal, sa femme et ses enfants, nous sommes partis visiter, le Viêtnam, la Birmanie, le Cambodge et l’Inde. En 1978 et en 1979, je suis retourné en Inde pour 3 mois et en 1980, je me suis installé en Inde à Goa.       

97L : Le Paris de jacques de KERA dans les années 60 dans le Marais ?

Dans les années 60, j’avais juste 13 ans ½ . Après Marseille, je n’avais qu’une idée en tête, dans la grande capitale de Paris : trouver un job. J’ai eu la chance d’en faire plusieurs, ensuite un voyage en Guadeloupe. De retour à Paris, je suis resté 17ans dans une société de signalisation électrique, jusqu’à mon service militaire. Et la passion de la couture a surgi.

97L : Vous êtes reconnu parmi les grands couturiers de la mode Parisienne, que retenez-vous de cette époque ?

Reconnu, pour moi, c’est un grand mot. Tous les couturiers attendaient les manifestations du grand show de coiffure alors que j’étais  déjà employé  pour le Cercle des Arts et Technique.  Au début, je considérais ce métier comme un sport, donc une collection par an, et la une des magazines. En 1989 au Carrousel du Louvre, j’ai présenté deux défiles de mode, la grande scène pour les mannequins femmes et la petite scène pour les mannequins hommes. J’ai gagné le grand concours de l’élégance avec le couturier Emmanuel Ungaro en femme et moi en homme, et suivi d’un énorme diner à Disneyland. 

Mes débuts dans les années 1980 à 1992 c’était génial, et rien à dire. J’ai eu ma boutique en 1982. Le destin n’a pas été favorable  en 1986, j’ai eu un problème, quand j’ai remporté le grand concours du premier grand Show Européen à la Porte de Versailles, diffusé les 3 jours sur Canal +. Mon show de coiffure très moderne des années 30, a été sélectionné, cela à crée une polémique parmi les autres créateurs.   

Toujours en 1986 Au Festival de Cannes, je me suis posé la question d’être à la hauteur du défilé, devant 400 pays, faisant partie du Cercle des Arts et Technique. C’était une lourde responsabilité de représenter la France, créer une collection pour gagner ou perdre. J’ai eu le privilège de faire partie du Cercle des Arts et Technique : le travail, le défilé, c’était un vrai conte de fée. Je remercie le Cercle des Arts et technique, qui m’a permis de faire tous ces shows à travers l’Europe et les pays étrangers, Maroc, Tunisie, Londres, la Pologne, la Belgique, Sydney, Allemagne, les Etats-Unis, la Suisse et Miami.     

97L : Vous faites référence à Dior, Gaultier, Cardin, St Laurent et Paco Rabanne par source d’inspiration ou par leur style particulier ? 

Je pense que c’étaient les meilleurs moments de la mode, des collections haute couture et aussi une révolution de tous ces couturiers. Le métal de Paco Rabanne, le tailleur masculin-féminin d’Yves Saint-Laurent, Pierre Cardin  le premier visionnaire de mode. J’admirais fasciné tous ces couturiers, par leur talent, leur savoir faire, par leur simplicité, et leur idéologie de la mode. Mes mentors étaient Christian Dior et Chris Seydou créateur Sénégalais. Aujourd’hui je déplore le manque de connaissances et d’imagination de couture, pour les certains jeunes stylistes. Le  dessin et la couture vont de pair.

J’aimais l’univers de Kenzo, c’était un homme merveilleux, je salue encore son travail. Kenzo fait parmi des grands qui ont fait un parcours extraordinaire. Il faut dire que Kenzo avait toute sa communauté et en plus aimé par les Français. Une grande perte pour le monde de la mode.

97L : La relation dans vos collections entre la silhouette, les matières, les tissus, les imprimés, et les couleurs ?

Les relations existant dans la préparation d’une collection, c’est d’abord le travail, le choix des mannequins, et les tissus. À chaque robe, j’ai déjà le mannequin en tête. J’aime tous les tissus, les couleurs rouge, bleu, pastel et le blanc. Les imprimés noirs, rouges et surtout blancs pour les tailleurs dames et le choix, vestes ou jupes. Comme j’ai toujours envoyé sur scène 3 mannequins modèle de couleurs différentes de chaque vêtement : tailleurs, robes, pantalons, vestes, et costumes, imitation homme pour dame. Je ne cherche pas forcement la beauté d’un mannequin, ce qui est important c’est l’allure, le port de tête et l’écoute de la musique. Le côté sophistiqué du make-up, la perruque et les accessoires, donne au mannequin de faire vivre la création de la collection. Je fais défiler tous styles de mannequins, mais quand j’ai une pièce rare, je privilégie un mannequin noir, pour la silhouette féline et le contraste des couleurs.   

97L :  Comment est née votre vocation artistique du chant ?

Je pense que l’être humain, peut faire beaucoup de chose, surtout se donner le temps et à chaque chose à son temps. La chanson et la couture sont deux éléments importants, La vocation du chant vient de mon père qui était accordéoniste dans les bals populaires dans un orchestre de Pointe-à-Pitre et mon frère saxophoniste. Mon enfance a été bercée par ces différents instruments, j’avais la passion du chant et non d’apprendre un instrument. Et je peux dire que la passion du chant vient de mon milieu familial.   

97L : Quels sont vos maîtres à penser dans vos compositions et textes ?

Pour mes compositions de textes et de chansons, je travaille en collaboration avec Michel Pensas, Vegas Cubain, José Palomo argentin. Une rencontre inattendue avec Frédéric Laverd pianiste pour le titre Paris. Je reçois un coup de fil surprise de Frédéric pour une rencontre chez lui à Fontainebleau et découvrir la Playlist des titres, c’est Paris, tous ensemble, c’est mon scénario et je sais toujours ce qui me va. Ensuite recherche d’un parolier et compositeur de musique. Nous avons rencontré Anöi Vegas, déjà vu chez Pati Labelle rue Saint Jacques à Paris. Pati Labelle m’a présenté Anöi en tant que couturier. À savoir qu’Anöi est le compositeur de Pati Labelle et l’arrangeur de Tito Puente. J’ai fait deux albums différents, un album de 4 titres et le second de 2 titres avec les différentes personnes que je vous ai citées.         

97L : Quels objectifs souhaitez-vous atteindre avec vos différents titres de chansons ?

Pour le moment, je ne peux rien dire. Les chansons que j’interprète, il y a des titres de Franck Sinatra, que l’on a le droit de chanter à l’étranger, et pas le droit de les enregistrer. Je les finalise, je me réapproprie, et je les chante en français. J’ai choisi Franck Sinatra et Tony Bennett, ces deux hommes sont mes mentors au niveau musical, tout en écoutant toute sorte de jazz.          

07L : Votre regard sur la Société, Black Lives Matter le mouvement le plus massif de l’histoire des Etats-Unis et en France ?

C’est un mouvement, que j’ai découvert comme tout le monde. J’ai vécu au Etats-Unis, je trouve très bien ce qu’ils font, lutter contre les discriminations, le racisme systémique et que les noirs vivent librement. Le mouvement Black Lives Matter c’est une prise de conscience dans les différentes communautés qui s’étend et prend de l’ampleur dans le mode.  

97L : Votre message à nos lecteurs ?

Je leur dirais, de rester à l’écoute de réseaux sociaux, les radios, le web  d’actualités, informez vous, protégez vous, et prenez bien soin de vous. 

Propos recueillis par Wanda NICOT

 

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