Société

Il faut des journalistes experts des outremers qui y ont vécu et non passé 3 mois de vacances

… Un constat : la fermeture logique de France Ô, trop d’argent investi pour trop peu de téléspectateurs. Une chaîne déconnectée des réalités des outremers français pour diverses raisons. Cette suppression laisse le champ des possibles ouvert, mais il n’y a personne pour y planter les graines d’un avenir ou de l’espoir. 

Quelle étrange affaire ! Je suis au soleil, et… je réfléchis à ce que pourrait être un nouveau RFO dans France Télévisions.

D’abord il faut des certitudes qui ne demandent qu’un décret… Proclamer que 4 heures par semaine, d’un seul tenant seront consacrées sur la 3 aux outremers. Une matinale tropicale de deux heures et demi et une soirée d’une heure et demi.

Le siège des outremers, Malakoff, est équipé en techniciens, en conseillers de programmes, en studios, en palette graphique, pour mettre en musique chaque semaine une telle production ou assembler un tel volume de productions en provenance aussi des stations ultramarines. Sans qu’il soit besoin d’acheter à l’extérieur des programmes consacrés aux outremers.

Donc aucun surcoût, juste un fonctionnement sous une condition : libérer quatre heures par semaine d’antenne sur une chaîne nationale de grande visibilité. Ce n’est pas compliqué et je suis sûr que tout le monde va retrouver de l’espoir et de l’enthousiasme.

Ensuite, il y a l’Info…

A Malakoff, il y a une rédaction d’une cinquantaine de journalistes, meurtrie, pas adaptée, mal recrutée et surtout mal dirigée.

Il faut un profil de journaliste des outremers bien spécifique : il faut qu’il sache qu’il y a 7 communautés amérindiennes en Guyane et deux fleuves frontaliers : un « africain » jusqu’à Maripasoula : le Maroni et un brésilien, l’Oyapock, que 70 % de la population mahoraise parle swahili et 30 % malgache en première langue, que les wallisiens sont des tongiens, vassaux du Roi de Tonga et que les futuniens ont deux royaumes et qu’ils sont samoans.

Il faut savoir aussi que les Antilles n’existent pas, mais que la Guadeloupe ignore la Martinique et inversement. Il faut savoir que les mahorais, dans leur ensemble, sont mal reçus à la Réunion et que les réunionnais vivent ensemble, à côté : zarabs, malbars, karens, blancs créoles, cafres, chinois, et ne se mélangent guère.

Il faut savoir que les kanaks ne peuvent échanger dans une même langue et que, mélanésiens, leurs vies sont similaires mais pas identiques et que leur attachement social à la Coutume est bien plus fort que leur existence individuelle. Il faut savoir la haine entre kanaks et wallisiens de Saint-Louis. Il faut appréhender l’immensité de la Polynésie où chaque archipel est une étoile perdue dans l’immensité et se rappeler que les marquisiens ne sont pas du tout tahitiens. Il faut connaître aussi la défiance entre saint-pierrais et miquelonnais (les indiens) et que les deux s’accordent pour détester les mayous.

L’outremer est une myriade de mondes. Et pour comprendre, il faut des journalistes spécialisés et formés. Le rôle d’une bonne petite rédaction (ils sont mille à la Rédaction Nationale pour faire les JT de France 2 et France 3) est de desservir les JT des stations d’outremers en reportages spécifiques, demandés et attendus : la rentrée universitaire en métropole, les innovations médicales, les avancées réglementaires, techniques, légales et bien sûr sportives !… Et puis, il faut aussi faire des reportages experts sur les outremers pour les rédactions nationales.

Une petite rédaction télé. Une rédaction radio et un bureau ou un service pour le Digital (avec des vrais geeks !)

Ah oui, il faut donc de vrais journalistes experts des outremers, qui y ont vécu et non passé trois mois de vacances ou de CDD pour savoir les ressentis des populations, la géographie, la sociologie.

Un petit groupe, dirigé par un rédacteur-en-chef et son adjoint, à l’ancienne… (De toute façon, le nouveau statut de Malakoff en Etablissement régional ne permet plus de donner des grades » nationaux ». Les outremers sont redevenus une colonie et dépendances). Un petit groupe débarrassé de ses directeurs de rédactions, directeurs-adjoints, directeurs de l’information, soutenus par des rédacteurs-en-chef inutiles…

Bref, une structure légère et efficace qui tient par le talent et non, par l’habitude.

Là pour le moment c’est le management circulaire qui est appliqué, plutôt genre roue à hamster et club de vacances : les doux hiérarques malakoviens envoient deux rédacteurs-en-chef de renfort en Nouvelle-Calédonie.

Ils remplacent l’une des deux par un pittoresque personnage venu de Mayotte : ancien candidat à la Présidence des Comores, indépendantiste mahorais, anti-français, qui a tous les codes du journalisme sans la substance. Lui-même est remplacé à Mayotte par un journaliste envoyé à grand frais depuis… Paris.

Le tout dans une rédaction abasourdie composée déjà à 50 % de cadres et de journalistes suffisamment chevronnés pour remplacer n’importe quel cadre ! Ça c’est du management… Circulaire ! Le mot que j’ai en tête commence aussi par un C…

Coût de l’opération au doigt mouillé : 30 000 euros ?

La troisième partie de cet ensemble des Outremers est bien sûr administrative : les services-ressources des stations des outremers. Et un bureau RH pour favoriser les passerelles entre les outremers et les chaînes nationales.

Et enfin la Formation : en télé, en radio, en anthropologie, sociologie, histoire des religions. Tous les outils nécessaires à la pratique du journalisme dans les outremers. Et surtout toutes les formations qui sont oubliées par France Télévisions Universités.  Cela, c’est la réforme Malakovienne.

Il reste aussi à réformer les stations Premières.

En les dotant de toute urgence, d’un conseil exécutif des programmes… Mettre fin à de l’argent public envoyé par les fenêtres : un directeur, souvent sans formation particulière, décide avec son directeur des contenus ce qui est bon pour son bas-peuple audiovisuel !

Des jeux plutôt qu’une émission sur la micro-économie et la recherche d’emploi, une émission de variétés avec paillettes plutôt qu’une émission d’histoire et de science…

Sans compter les émissions de santé publique locale…

Il est urgent que l’Education, l’Université, la Santé Publique, la Culture, les collectivités locales, les élus, les associations aient leur mot à dire dans le fonctionnement d’une télévision locale de plein exercice et de service public.

C’est une réforme que pourraient imposer le Sénat et l’Assemblée Nationale mais entre-temps, pour bien montrer qu’elles se fichent des élus nationaux, les deux reines de Radio France et de France Télévisions organisent une consultation du Peuple qui s’exprimera par site internet sur ce que devrait être l’audiovisuel public et la Radio de demain…

Ben voyons : court-circuiter le travail des parlementaires, représentants du Peuple pour mettre en l’air une réforme qui de toute façon ne leur plaira pas…

Il y a de la psychopathie chez ces reines-là ! Elles se prennent vraiment pour des ministres au-dessus des lois et des gens…

Au lieu de créer des troubles politiques, elles devraient plutôt faire preuve de respect de la République et de la démocratie.

Une consultation internet n’est pas un acte citoyen quand il s’agit de saboter une réflexion parlementaire et son aboutissement : une nouvelle loi sur l’audiovisuel.

Et puis quel besoin de consulter ? Les parlementaires ont un contact direct avec leurs électeurs qui savent que leur audiovisuel public est une préoccupation constante…

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