Hondo : Chaque peuple sur terre a sa propre comédie musicale
Réduire Med Hondo, décédé le 2 mars dernier, à la simple voix française d’Eddie Murphy, serait une profonde injustice pour ce réalisateur mauritanien anticolonialiste, sélectionné au festival de Cannes, Étalon de Yennenga 1987 au FESPACO. En février, lors des 19es Journées cinématographiques à Saint-Denis, un de ses films réalisé en 1979, bénéficiait d’une mise en lumière.
West Indies ou les Nègres marrons de la liberté est une surprenante comédie musicale politique, en langue française et créole, traitant de la naissance du peuple Antillais et de son identité.
Hier, c’était l’esclavage : hommes et femmes les plus robustes sont arrachés par millions au continent africain, embarqués de force dans les bateaux négriers, vendus sur les places publiques. Aujourd’hui, une autre traite s’opère dans le sens inverse : des milliers d’hommes et de femmes viennent grossir les rangs d’autres immigrés afin d’échapper au chomage et à la famine dans leur propre pays.
Présent et passé de l’Histoire se chevauchent inexorablement. Mer et bateau, ces « longs voyages sans retour« , sont la symbolique permanente de tant de déracinements.
West Indies se déroule donc intégralement dans une caravelle négrière reconstituée à l’échelle véritable et placée dans le squelette de fer d’une des plus grandes usines françaises : choc de deux symboles, éclat contraire de douleur et d’espoir.
Histoire et vie toujours porteuses des lumières à venir : West Indies est une vaste fresque chantée et dansée dans la couleur sereine de la fraternité.
« Je voulais affranchir le concept même de comédie musicale de sa marque de fabrique américaine. Je voulais montrer que chaque peuple sur terre a sa propre comédie musicale ». Med Hondo
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