Culture

Gwada, le flic noir des Misérables

Un après-midi d’été, la finale de la coupe du monde achevée, des garçons quittent leur banlieue pour rejoindre Paris, un drapeau français sur les épaules, maquillés de bleu blanc rouge. Nous ne sommes pas en 98 mais en 2018.

À Montfermeil, quelques jours après, Stéphane, (Damien Bonnard) fait son entrée au sein d’une unité de la BAC. Il y a Gwada (Djébril Zonga) et Chris (Alexis Manenti), deux policiers qui y travaillent ensemble depuis dix ans. Entre agressions, pratiques illégales, c’est un constat de violence que décrit le réalisateur.

« En banlieue, ça fait 20 ans qu’on est Gilets Jaunes, 20 ans qu’on subit les violences policières, qu’on prend des flashballs dans la gueule, constate Ladj Ly. Les Français ne se rendent compte qu’aujourd’hui que la police est violente, que le LBD est une arme dangereuse. On a pu entendre que la banlieue n’était pas dans la rue à manifester avec les Gilets Jaunes mais mettez-vous à notre place : en tant que banlieusards, on sait très bien que si on descend à Paris, on sera les premières cibles »

« J’aimerais que le Président Macron voie le film. Je le répète à chaque interview parce que c’est important qu’il se rende compte de ce qu’il se passe dans les quartiers et ce qu’il se passe en France. Si ça ouvre un débat et que ça permet de faire bouger les choses, je pourrais dire qu’on a réussi. »

Djebril Zonga jouant le rôle de Gwada, de père centre-africain et de mère brésilienne et allemande, ayant grandi à Clichy-sous-Bois, connait Ladj depuis des années.  » Chacun a ensuite suivi sa voie professionnelle, moi dans le foot et le mannequinat. Et puis on s’est retrouvé…, je l’ai appelé en lui demandant de me laisser une chance de passer des essais. Il a accepté, et depuis tout s’est suivi naturellement. »
Celui qui partage la vie de Nawel Madani, s’est senti à l’aise dans ce film dont l’origine est un fait réel, une bavure policière sur un jeune noir à Montfermeil le 14 octobre 2008. Gwada c’est celui qui est coincé entre deux mondes : ses origines antillaises, son appartenance à la banlieue opposé à un monde « blanc », l’Etat, l’ordre, les stagiaires venant de Province. Face à son collègue, raciste décomplexé, avec lequel il doit cependant collaborer, il est reservé, cherchant au maximum à se noyer dans la masse par crainte d’être stigmatisé par ses collègues et d’être comparé à la partie de la population qui pose problème.
 « Mon premier contrôle, j’avais dix ans », poursuit Ladj Ly. « J’étais avec mes potes, on jouait au foot, on s’est fait contrôler par les policiers, ils nous ont maltraité, ils nous ont traités de sales macaques. Dès le plus jeune âge, ce sont des choses qui te marquent à vie. Depuis ça, je me suis fait contrôler 800 fois. Tous les jours, toutes les semaines. C’est trop…. La prochaine révolution, elle arrivera des quartiers, de la banlieue, ça risque d’exploser ».
Pas question cependant d’accabler les représentants de l’ordre. « Ce sont les misérables, tous, les habitants comme les policiers. Ils vivent la misère. Quand je me mets dans la peau d’un policier qui est là tous les jours à tourner tous les jours en moyenne huit heures dans le quartier, ils vivent aussi cette misère. Après, je ne suis pas là à les défendre non plus. J’essaie d’être le plus juste possible, et de parler d’une situation. Oui, c’est dur d’évoluer en banlieue… ».
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