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Ericka Bareigts n’a pas digéré la sauce d’Awara

Après le carnaval vient le carême et il n’est pas sur que pour les fêtes de Pâques la ministre digère bien l’emblématique bouillon d’Awara. Des erreurs de communication successives ont obligé le Premier ministre à reprendre la main.

awara

@captain-guyana

La roche Tarpéienne est près du Capitole. Elle était si heureuse le 17 mars lors du lancement de la Cité des Outre-mer, le Président citant plusieurs fois son prénom. Nous nous étonnions le 20 mars de l’auto-satisfecit de François Hollande « lançant à cette occasion sa litanie de louanges personnelles, vantant ses 5 années de politique ultramarine face à un public de fidèles associant Victorin Lurel, George Pau-Langevin et Ericka Bareigts à sa « cohérence gouvernementale » ». En 15 jours tout a changé et c’est bien seule qu’elle traversera cette tempête. On verra quels ministres vont s’embarquer dans cette galère alors que tous ont une campagne à mener sur leurs terres électorales.

La pâte d’Awara à laquelle on ajoute viandes, produits de la mer et légumes « péyi » nécessite de la dextérité, de la patience et de l’expérience. Ministre de l’énigmatique égalité des chances Ericka Bareigts voyait la sauce prendre et devenait fin août 2016 ministre des Outre-mer. Soutien de Manuel Valls lors de la primaire, Ericka Bareigts tenait à être associée au bilan de François Hollande. Grisée par sa communication faisant de chaque signature une victoire, loi égalité réelle et Cité des Outre-mer, entourée par des adulateurs en Ile de France adeptes de la théorie du selfie au ministère, la ministre a d’abord sous-estimé les revendications guyanaises, certainement occupée par la campagne des législatives à la Réunion et dans une logique gouvernementale de chiffres positifs.

Sa proposition de réunion à Paris au 28 mars, immédiatement rejetée par les élus Guyanais lui est-elle imputable ou conseillée en « haut lieu » afin d’éviter d’être sous pression ? « Les discussions étaient largement entamées depuis de nombreux mois autour du pacte de Guyane » disait-elle au micro de la 1ere, ressortant de son chapeau l’Égalité Réelle. Toujours est-il qu’en envoyant une « mission interministérielle de haut niveau » conduite par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, c’était d’abord oublier que les Guyanais estiment que l’État dont ce préfet en a été le représentant, n’a rien fait pour eux.

Ensuite, ne montrant aucune empathie pour ce mouvement populaire, elle pensait amadouer certains en déclarant « Ce sont des gens qui sont des experts, des gens qui aiment le territoire guyanais ». Beaucoup de guyanais se sont trouvés infantilisés clamant qu’ils ne demandaient pas être aimés mais respectés. Et estimant de plus pouvoir rester à Paris tout en suivant l’actualité, c’était aussi saboter sa fonction. « Je suis la situation minute par minute depuis le départ. Je suis ministre partout, je suis dans mes missions ». Sur les barrages, une blague fusait : « Bareigts est comme un médecin qui attend que le malade soit guéri pour venir l’ausculter ». Un journaliste d’un média national s’étonnait : « On imagine mal le ministre de l’Éducation Nationale ne pas se rendre dans un lycée en cas de problème sérieux ». Ite missa est.

Refusant de dialoguer avec des gens cagoulés le dimanche mais « prête à s’y rendre lorsque les conditions seront réunies » le lundi à 8 h elle est devenue le point de crispation pour toute amorce de dialogue. Bernard Cazeneuve ne pouvait laisser les Guyanais bloquer le lancement d’Ariane 5 dont chaque jour de retard dans le lancement se chiffre à des centaines de milliers d’euros. Les premiers médias à s’inquiéter sont comme par hasard spécialisés en aéronautique. A 13 h, le Premier Ministre déclarait : « nous souhaitons que des Ministres puissent se rendre sur place, le plus rapidement possible, pour poursuivre puis entériner les discussions qui auront été tenues par la délégation avec l’ensemble des acteurs qui doivent s’engager dans la voie du dialogue républicain » l’ultramarine en retrait et silencieuse. La ministre a perdu la main et son sourire. Plus que vingt cinq jours pour qu’Ericka Bareigts boive son bouillon jusqu’à la lie. Le temps qu’un autre ne prenne possession de la rue Oudinot pour donner le change.

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