Culture

Des Blancs peuvent-ils interpréter des chants d’esclaves ?

SLĀV, un spectacle du metteur en scène québécois Robert Lepage a été déprogrammé suite à une polémique au festival de jazz de Montréal.

SLĀV se veut « une odyssée théâtrale à travers les chants traditionnels afro-américains, des champs de coton aux chantiers de chemins de fer, des chants d’esclaves aux chansons de prisonniers recueillies par John et Alan Lomax dans les années 30 » et se définit comme « un hommage à la musique comme outil de résilience et d’émancipation ». L’interprétation est confiée à Betty Bonifassi, une chanteuse montréalaise née à Nice, comparée à Shirley Bassey et accompagnée par six choristes dont quatre blancs.

A la première représentation le 27 juin, une centaine de personnes ont hué les spectateurs lors de leur arrivée, qualifiant SLĀV de raciste. Une pétition a recueilli 1500 signatures pour demander le retrait de la pièce et l’artiste noir Moses Sumney s’est retiré du festival, en guise de protestation.

Margaret Wente, la chroniqueuse du « The Globe and Mail » quotidien en langue anglaise, basé à Toronto, distribué dans tout le Canada et tiré à 2 millions d’exemplaires se pose la question suivante : « Les Blancs ont-ils le droit d’interpréter des chansons composées par des esclaves noirs? « . “Je ne sais pas – étant donné les susceptibilités de l’époque – si c’est une bonne idée qu’un blanc interprète des chansons d’esclaves noirs”.

Le metteur en scène Robert Lepage n’a pas manqué de réagir : « Au fil de ma carrière il m’est souvent arrivé de consacrer des spectacles entiers à la dénonciation d’injustices subies à travers l’histoire par des groupes culturels spécifiques dont aucuns des acteurs n’étaient issus. Ces spectacles ont été joués partout à travers le monde, devant les publics les plus divers, sans jamais que l’on ne m’accuse d’appropriation culturelle et encore moins de racisme. Bien au contraire…

Il est bien évident que tout nouveau spectacle comporte son lot de maladresses, de ratés et de mauvais choix. Mais contrairement à plusieurs autres formes d’expressions artistiques le théâtre n’est pas un art figé. Le théâtre est un art vivant, qui permet à une œuvre d’être en constante évolution, en perpétuelle réécriture au contact du public et de ses réactions, et de corriger le tir au fil des représentations.

Cette évolution n’a pas pu se produire dans le cas de SLĀV puisque le spectacle a été annulé après seulement trois représentations.

S’il n’en tenait qu’à moi, le spectacle tiendrait encore l’affiche car je revendiquerai toujours le droit, au théâtre, de parler de tout et de tous.

Sans exception.

Aucune ».

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