DE LA NECESSITE D’UN 2ème BARRAGE EN GUYANE
Le député de Guyane M. Gabriel Serville, s’est adressé à la ministre de l’écologie et de l’énergie pour connaître la position du Gouvernement sur le projet de barrage hydroélectrique en Guyane. Et le moins que l’on puisse dire est que celle-ci par sa réponse a tenu à ménager la chèvre et le chou.
M. Serville lors des questions au gouvernement du mardi 5 mai souhaitait ouvrir un débat à l’Assemblée Nationale sur la viabilité du projet défendu par le Conseil Régional. « La démographie galopante et les nouvelles infrastructures obligeront à produire près de 50 mégawatts supplémentaires d’ici 2020 en sus des projets miniers prometteurs prévus à l’est et à l’ouest du département. La collectivité régionale et l’opérateur public ont déjà fait part publiquement de leur préférence pour la construction d’un deuxième barrage hydroélectrique, sur la Mana probablement. Ce projet présente certes l’avantage de produire une énergie renouvelable mais semble particulièrement inadapté à la situation locale » a déclaré en préambule le député Serville. Evoquant le barrage de Petit-Saut très controversé en raison « de ses impacts en matière d’émissions de gaz à effet de serre, de disparition de la biodiversité forestière, de perturbation du cycle du mercure et du milieu aquatique et de son faible impact sur l’emploi » il s’interroge sur l’opportunité d’une deuxième réalisation trois fois plus étendue.
« … À titre de comparaison, le projet de Sivens représente 12 hectares. A Petit-Saut, 370 km2 de forêt amazonienne ont été engloutis. Espérons que cela ne se produise pas, comme de coutume, dans l’indifférence générale ». Il cite des solutions alternatives, telles que l’énergie micro-hydroélectrique, la biomasse ou encore l’énergie éolienne, produisant au plus près des bassins de vie de l’électricité rapidement modulable en fonction de l’évolution de la demande.
Alain Vidalies, secrétaire d’État répondant au nom de Ségolène Royal confirme que « la production électrique de Guyane provient en grande partie d’énergies renouvelables. La production hydroélectrique couvre plus de la 1/2 des besoins du territoire grâce au barrage de Petit-Saut. La consommation électrique guyanaise, augmentant d’environ 3,5 % par an, il est donc nécessaire de poursuivre le développement des énergies renouvelables et les efforts en matière d’efficacité énergétique. Le développement de l’hydroélectricité, de la biomasse et de l’énergie solaire apporte une solution aux nouveaux besoins des Guyanais. Le territoire présente un potentiel hydroélectrique important sur les fleuves Mana à l’Ouest et Approuague à l’Est. L’idée d’un second grand barrage a fait l’objet de réflexions menées par le Conseil régional et EDF mais d’autres solutions sont possibles comme l’installation de plusieurs centrales au fil de l’eau.
Les solutions doivent être appréciées au regard des besoins en électricité du territoire et de leur nature mais aussi des impacts sur l’environnement qu’entraîne la création des barrages ».
Les opposants au barrage évoquent son inadaptation au milieu amazonien et le coût pharaonique d’un tel ouvrage (900 millions d’euros ?) contestant les chiffres de Rodolphe Alexandre et son annonce de 180 000 habitants en Guyane à l’horizon 2020. Certains soupçonnent EDF de collusion avec leurs homologues brésiliens dans l’impossibilité légale de poursuivre leurs travaux sur les fleuves. EDF réfute ces allégations et menace de se retrouver en sous capacité de production à moyen terme. Les débats risquent d’être houleux entre « barragites » et écologistes au moment du choix final.
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