Dalila DANIEL, héritière d’un grand patrimoine
Un défilé de robes traditionnelles et modernes dévoilant Ô combien, le patrimoine martiniquais de l’élégance par la cadence de la femme antillaise, répondait aux journées européennes du Patrimoine des 17 et 18 septembre 2016, au Domaine de la Pagerie des Trois-Ilets.
Le temps s’y prêtait largement ce dimanche après-midi sous le large sourire d’un soleil où s’élevait un défilé fort d’un enthousiasme exaltant ! Dalila DANIEL entourée d’un public très attentif expose, raconte et fait vivre dans la passion, la transmission d’un savoir, l’histoire de toutes ces robes an tan lontan qui défilent une à une. Oh oui ! Un savoir qu’elle détient de sa mère Emilie DANIEL, couturière- styliste qui a révolutionné la robe traditionnelle en la modernisant aux fins évolutifs pour qu’elle soit à l’air du temps dans le but d’être portée ; l’enjeu étant de la valoriser pour éviter qu’elle ne tombe dans l’oubli.
L’Association « Emilie DANIEL Patrimoine » a d’ailleurs pour mission de sauvegarder le costume traditionnel martiniquais. Car E. Daniel, la dame aux doigts de fée s’est battue pour cela voyant que les tenues traditionnelles tombaient dans un contexte « carnavalier » où celles-ci commençaient à perdre leur prestige en prenant insidieusement la valeur de « déguisement » puisque seulement sorties à l’occasion du carnaval…
Dalila raconte l’histoire du madras, tissu des indiennes et, présente tous les modèles de tenue portée par nos ancêtres. Cela va de la robe de cérémonie dite gran robe traditionnelle à la robe ronde, en passant par la robe attachée « à la Rivière Salée » de luxe créée par Emilie DANIEL qui coupe, découpe, volante à tout va pour habiller, séduire et pérenniser le costume créole ; sachant toutefois, que cette tenue ne sera pas portée comme avant. Mais son ambition c’est d’allier tradition et modernité pour qu’au moins une de ces tenues, reflet de notre identité, se trouve dans l’armoire de chacun des foyers antillais ! Astucieuse ! Audacieuse ! Jusqu’à inspirer le plus grand couturier du monde, Yves Saint-Laurent d’où l’esprit du modèle « La Martiniquaise »…
De nombreux modèles habillent les gracieux mannequins qui jouent le jeu dans la robe portée, assortie de sa coiffe et reflétant un contexte social ou de circonstance : robe de la mûlatresse, jupe madras : tenue des classes populaires, gaulle empire inspirée par Joséphine, tenue des matadors qui elles, sont des femmes entretenues de Saint-Pierre… Et la robe de mariée ? Ah ! C’est Abisha, petite-fille d’Emilie DANIEL qui la porte avec élégance et grâce et qui a charmé l’ensemble du public !
Mais savez-vous que l’habillement fut un combat pour l’esclave ? Etre habillé était un luxe. L’esclave a connu la souffrance de l’habillement. On comprend donc pour quoi aujourd’hui, du point de vue sociologique, la femme antillaise : martiniquaise, guadeloupéenne, est élégante, aimant s’habiller, aimant être admirée, se parant de bijoux avec la démarche voulue par le port de la robe. Parce que l’esclave était toujours nu, même pour être enterré, il était entouré de feuilles de bananier et non de vêtement.
Les journées du patrimoine sont donc là l’occasion pour sortir les tenues, les mettre en valeur en racontant leur histoire, rappelant leur identité et surtout servent d’hommage à celle qui nous a quittés depuis 2000 et qui doit se dire que son pari est gagné aujourd’hui grâce à sa fille Dalila.
Pou wouè yo pasé épi bel rob’ yo, sa ou ka di di sa ?
Joseth SYMPHOR
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