« CTM : LA MOTION DES TRICHEURS » par Francis CAROLE
Lors de l’Assemblée plénière du vendredi 27 octobre une curieuse motion a été mise au vote par la majorité, « contre les agressions et harcèlements des élus de Martinique et des agents de la collectivité territoriale ».
Nous avons voté contre cette motion pour les raisons suivantes :
- TARTUFFERIES
Les prétentions moralisatrices du PPM jurent avec les pratiques de diffamation et de violence constantes de ce parti qui s’inscrivent dans une longue tradition. On se souvient encore des violences physiques contre les opposants lors d’élections qui ont parfois entraîné mort d’homme. Encore récemment, Alfred Marie-Jeanne avait été victime de ces violences politiques organisées à Fort-de-France.
Les mémoires sont encore marquées par la campagne raciste « King kong » dont l’objectif consistait à détruire psychologiquement un opposant jugé dangereux. Ces méthodes sont donc dans l’ADN de ce parti.
Ces dernières semaines, dans des groupes whattsap du PPM, une campagne médiocre et ignoble était menée contre l’ancien DGS :
« Il a détruit le personnel de la CTM par son arrogance, ses absences réponses, ou ses réponses irrespectueuses, inadmissibles, par son manque d’humanité, et par son incapacité à porter des solutions précises aux problèmes présentés par le personnel. », prétendaient faussement, et sur commande politique, des détracteurs…proches du président du conseil exécutif…
Les hypocrites du PPM qui pleurnichent sur leur sort aujourd’hui -et dont certains sont les donneurs d’ordre de cette campagne infâme- se sont-ils demandés si cet homme avait une « famille et des enfants » ?
Ça suffit de vos grossières lâchetés et de vos pitoyables manœuvres ! Appliquez-vous d’abord la morale que vous prétendez imposer aux autres !
- VOLONTE D’INSTRUMENTALISER LES AGENTS DE LA CTM
Une lecture attentive de cette motion montre clairement que l’intention de ce document consiste essentiellement à assurer la tranquillité de certains élus du PPM.
L’évocation des agressions dont le personnel est victime n’est qu’un pitoyable
stratagème visant à créer la confusion en instrumentalisant la situation du personnel dont les difficultés n’ont rien à voir avec les dérives qui sont reprochées au président du conseil exécutif et à ses porteurs d’encensoirs.
Le personnel est en fait victime de la gestion catastrophique des ressources humaines par la majorité actuelle.
En juillet 2021, les noms de cadres de la collectivité dont le président du conseil exécutif mettait fin aux fonctions étaient indécemment livrés au public par le conseil exécutif, lors d’une plénière.
Le président du conseil exécutif, chef du personnel de la collectivité, a le devoir de prendre les mesures organisationnelles permettant de protéger les agents contre les agressions. Cela ne se fait pas à coups de motions qui, dans les faits, sont contredites par leurs propres auteurs. La grève récente a d’ailleurs mis en évidence les souffrances du personnel ainsi que des situations de harcèlement et d’humiliation dont la responsabilité (en termes de gestion) incombe, directement ou indirectement, au président du conseil exécutif lui-même…
Quant à la protection fonctionnelle, elle est accordée de droit aux agents par l’Assemblée de Martinique (non par le président du conseil exécutif). La loi n0 83-634, art 11, al.lll, prévoit qu’elle soit attribuée de droit aux agents, sauf en cas de faute personnelle de l’agent ou de « risque pour l’intérêt général ».
- LES DÉRIVES DU PRÉSIDENT DU CONSEIL EXÉCUTIF
Cette motion surréaliste est donc bien un moyen pour l’exécutif de la CTM de régler ses comptes personnelles et politiques avec ses contradicteurs. Cette manœuvre est sans rapport avec la situation des agents dont les droits ne sont pas respectés par les mêmes faiseurs de morale.
Certes, il faut assurer la protection des élu.e.s dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Mais les élus doivent aussi donner l’exemple et être respectables ! Ils ne constituent pas une caste de privilégié.e.s au-dessus de LA MORALE (LA VRAIE) et des devoirs !
Or, qui ne perçoit pas la situation délétère de notre pays aujourd’hui ? Corruption, copinage, cooptations des copains, autoritarisme, volonté de faire taire toute voix discordante, opacité, utilisation des moyens de la CTM à des fins personnelles (exemple de la protection fonctionnelle dans des circonstances qui n’engageaient pas l’exercice des fonctions du président du conseil exécutif).
Dans un tel contexte, il est normal, voire salutaire que des citoyens s’interrogent et exigent des explications. Feront-ils systématiquement l’objet d’une plainte, avec l’argent du contribuable, chaque fois qu’un apparatchik tropical (ou ses proches) se sentira offensé par une question ou une prise de position de la société ?
- A PROPOS DE LA VIOLENCE CONTRE LES ELU.E.S : NE PAS SE TROMPER DE DÉBAT !
Les agressions physiques, en France, contre les élu.e.s, singulièrement les maires ( qui sont les premiers à etre au contact de la population), ont défrayé la chronique ces dernières années. Elles sont clairement condamnables comme sont d’ailleurs condamnables toutes les agressions contre n’importe quel.le citoyen.ne.
Fort heureusement, ce phénomène n’a pas gagné la Martinique, ce qui, à l’évidence n’interdit pas de l’anticiper.
Par contre, le contenu de cette motion, son architecture argumentative, ses références n’entretiennent aucune relation avec la question plus large de la violence les élu.e.s.
Il faudrait être un sublime bretteur pour convaincre du contraire !
D’ailleurs, si telle était la préoccupation de fond des rédacteur.trice.s de cette motion, ils.elles auraient procédé autrement, par exemple en organisant une réflexion partagée entre les différents groupes de l’Assemblée.
Défendre, dans ces conditions, une motion aux parfums de revanche et de népotisme, relève de l’hérésie et constitue une faute politique.
Francis CAROLE
MARTINIQUE
Dimanche 29 octobre 2023
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