Comment un avion de ligne évite un ouragan
Extraits d’un article de Thierry Vigouroux pour le Point publié le 19 septembre
Que ce soit pour une tempête ou un ouragan, la décision stratégique d’« y aller ou de ne pas y aller » est prise à Air France par le Centre de contrôle des opérations (CCO), qui fonctionne 24 heures sur 24. Le commandant de bord de l’avion reste décisionnaire pour la conduite tactique du vol, notamment un déroutement éventuel…
Pour l’aider dans sa décision, l’ancien dossier de vol « papier » a été remplacé par un outil informatique puissant disponible sur son iPad. Air France vient d’équiper ses 3 700 pilotes d’une application connectée permettant d’améliorer la connaissance de la situation météo lors de la préparation des vols. Dénommée eWAS (Enhanced Weather Awareness System), l’application propose un affichage dynamique et interactif des modèles de prévisions les plus pertinents.
« Les pilotes sont informés avec une grande précision des risques météorologiques, essentiellement givrage, orages et turbulences, auxquels ils seront confrontés durant le vol », se félicite Éric Prévot, commandant de bord B777. En vol, les avions n’étant pas équipés d’Internet, la mise à jour de la situation se fera en contact radio ou par message avec le dispatcheur… chargé de suivre le vol.
Dans le cas d’un Paris-Pointe-à-Pitre, à partir de la dernière position de l’ouragan, il peut suggérer au pilote d’anticiper et de modifier sa route bien à l’avance. Le radar à bord de l’avion n’a une portée que de 150 kilomètres. C’est certes efficace quand il faut contourner un cumulonimbus, mais pas pour éviter une formation aussi développée qu’un ouragan, dont il faut se tenir à quelques centaines de kilomètres. Autre source d’information en vol, les contacts radio avec les autres avions en vol permettent de mieux appréhender les turbulences.
Un avion de ligne ne décolle que si l’aéroport de destination est annoncé accessible à un vol de transport public… Pour la reprise des atterrissages d’avions civils après un ouragan, deux conditions doivent être réunies. Les vents ne doivent plus souffler en tempête avec rafales. S’ils sont néanmoins forts, ils doivent souffler dans la même direction que les pistes d’atterrissage, les avions comme le B777 étant limités à une quarantaine de nœuds (70 km/h) de vent de travers. Mais ce chiffre théorique, établi lors de la certification de l’appareil par le constructeur, reste soumis à l’appréciation du commandant de bord dans le contexte d’une approche turbulente, de cisaillements de vent, d’une remise de gaz délicate, etc.
… Des limitations sont prévues pour le déploiement des passerelles d’embarquement, pour l’ouverture des portes de soute, etc., en sachant que chaque objet peut devenir un projectile. Deuxième condition, après le passage de l’ouragan, il faut également que les installations aéroportuaires, les pistes et les parkings aient été vérifiés, testés et réparés, si nécessaire…
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