C. Taubira : « Pas une lucarne aux imbéciles, aux racistes, aux sexistes »
L’ex-ministre de la Justice etait l’invitée de Claire Chazal dans Passage des Arts sur France 5. La présentatrice y donne la parole aux intellectuels qui portent un regard sur le monde et la culture. Quelques extraits.
Rebelle dès l’enfance
C’est une vie de carcan, la vie à Cayenne, en Guyane dans les années 50, 60. C’est une vie d’oppression, nottament pour les femmes. C’est une vie de stigmatisation pour les familles modestes et en particulier pour les familles monoparentales, c’est quand même ça mon univers et c’est une société qui vous envoie des signaux qui vous indiquent que vous avez une place et que vous êtes tenue d’y rester. C’est instinctivement que j’ai choisi à ne pas être dans la voie que l’on m’avait tracée et j’ai eu des résistances…
J’ai toujours été contre les dogmes qui étaient assénés, contre toute une série de commandements religieux ou laïcs, ou plutôt religieux et civiques, commandements qui ne laissaient d’espace ni à l’interrogation, ni au doute, ni à la remise en cause, ni au refus, ni au fait de désobéir et d’assumer les conséquences de cette désobéissance. Ça je l’ai ressenti très tôt. J’étais enfant et je suis de la génération des châtiments corporels donc j’ai pris des claques. Et je sais à quel point la société est impitoyable envers les personnes comme nous et donc qui, pour nous proteger, nous suggère, de façon implicite, de rester à notre place, de bien nous tenir et surtout de toujours être irréprochables.
Mariage pour Tous – Esclavage crime contre l’Humanité
Plus que la fiertė, un sentiment de paix. J’ai fait ce qui était juste, j’ai fait ce qu’il fallait faire à ce moment là, à cette place là. Une espèce de paix m’accompagne. Je n’appellerai pas cela de la sérénité parce que j’en suis incapable et je ne travaille pas à le devenir, mais le sentiment qu’à ce moment là, là où j’étais, c’est ce que je devais faire. Et je devais le faire le mieux possible. Donc je l’ai fait le mieux que je pouvais faire, dans mes capacités du moment. Mieux… Plus tard… Plus tôt, je ne sais pas. Mais c’est ce que je retiens.
Les attaques subies
Pour le reste, j’ai décidé que je ne laisse pas une lucarne aux imbéciles, aux racistes, aux sexistes. Il n’y a pas un interstice pour qu’ils puissent entrer dans ma vie…
Ils ont pourtant toquė à la porte. Violemment. Et je ne prétendrai pas être insensible, parce que d’abord j’entretiens ma sensibilité. Je veux être poreuse aux bruits du monde, aux gémissements du monde, je veux être perméable aux souffrances des autres, capable de comprendre, y compris ce que d’autres peuvent ressentir lorsque moi je suis en souffrance. Mais je suis surtout soucieuse de montrer que ceux la ne peuvent pas vaincre, ne peuvent pas avoir le dernier mot, ne peuvent pas nous abattre…
La politique actuelle
Je suis très malheureuse parce que je crois que la société française, l’Europe ont besoin que nous pensions nos vies, nos destins collectifs…
La politique française m’interpelle pour ce que je peux donner, ce à quoi je peux servir. Je suis à un moment de ma vie ou il est plus important de transmettre, que de rêver encore agir…
Il est urgent d’améliorer la vie des gens et le monde est de plus en plus violent et ceux qui sont censés porter les idéaux de gauche de solidarité, de fraternité sont atones et aphones…
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