Aux origines du zouk avec les disques Debs
La planète ne tourne pas toujours rond, mais elle tourne en musique. Chaque semaine, Cyril Sauvageot dans la BO du monde explore les dimensions sociétales et politiques de l’actualité musicale.
Cap sur la Guadeloupe des années 80 avec le 3ème volet d’une série de compilations tirées du catalogue des Disques Debs International. A écouter le lundi à 18h53 sur France Inter.
Pointe-à-Pitre, années 80. La musique antillaise s’apprête à conquérir le monde au rythme trépidant du zouk, cette redoutable machine à danser incarnée par Kassav’, Francky Vincent et autres Zouk Machine. Mais le triomphe commercial aurait-il eu lieu sans le travail de fond effectué par le producteur guadeloupéen Henri Debs et son label Disques Debs International ?
Mizik Maladi, volume 3 d’une série de compilations initiées en 2018 par le label anglais Strut Records, plonge à nouveau dans les copieuses archives des Disques Debs, cette institution de la musique créole à l’origine de plusieurs centaines de références, albums ou 45 tours.
Cette fois, l’accent est donc mis sur la période allant de 1982 à 1993, lorsque le Zouk succède à d’autres genres (biguine, cadence…) populaires auparavant.
L’histoire des Disques Debs est d’abord celle de son fondateur Henri Debs, disparu en 2013. On le surnomme parfois le « Eddie Barclay des Antilles ». Ce producteur d’origine libanaise est devenu une figure incontournable des musiques créoles après des débuts pour le moins modestes.
Au début des années 60, ce commerçant de Pointe-à-Pitre installe son premier studio dans l’arrière-boutique de son magasin de prêt-à-porter… Au fil du temps, Debs change de standing et se professionnalise. 20 ans plus tard, il possède un club à Pointe-à-Pitre, un magasin d’instruments, ainsi qu’un studio flambant neuf équipé de matériel dernier cri. Il a pris sous son aile plusieurs groupes guadeloupéens, au premier rang desquels Experience 7, la première formation de Guy Houllier et Yves Honoré (qui décrocheront plus tard la timbale avec Zouk Machine).
A l’époque, Henri Debs est partout dans l’ombre de la scène musicale antillaise. C’est lui qui accompagne également les débuts d’un autre groupe qui va beaucoup compter : Kassav’. Le fondateur du groupe Pierre-Edouard Decimus s’est d’abord fait connaître aux Antilles à la tête d’un orchestre de danse baptisé Les Vikings de la Guadeloupe, présent sur le volume 2 des Disques Debs, Cadence Revolution.
C’est en quittant Pointe-à-Pitre pour Paris que le leader de Kassav’ développera son projet et connaitra la consécration commerciale au milieu des années 80, jusqu’à devenir le plus fameux ambassadeur du zouk. Pour les Disques Debs, il aura d’abord signé cette collaboration avec le chanteur guadeloupéen Joceyln Mocka. Une pépite jusque là difficilement trouvable datant de 1983 : Misik Maladi.
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