Annick Girardin : « L’heure est aujourd’hui à la reconstruction »
A l’occasion des 2emes rencontres nationales du tourisme Outremer, la ministre a évoqué la situation aux Antilles, après les passages des ouragans Irma, José et Maria sur Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Martinique et la Guadeloupe.
… Pour m’y être rendue personnellement quelques heures après leurs passages, je peux témoigner de l’angoisse et de la détresse de nos concitoyens. Quand un proche vous a quitté, quand vous avez tout perdu, quand il faut réapprendre à vivre sans eau ni électricité, seuls le temps et la volonté peuvent panser les plaies. Je tiens encore une fois à saluer l’investissement de tous les services publics de l’Etat et des collectivités territoriales qui se sont mobilisés pour apporter les premiers secours, l’assistance et la sécurité. Je tiens aussi à saluer les initiatives et la solidarité des citoyens. Je pense notamment à un entrepreneur du secteur du tourisme basé à Saint-Martin qui a mis à disposition spontanément ses chambres d’hôtel et tout son parc automobile. L’heure est aujourd’hui à la reconstruction.
Reconstruire, c’est l’occasion de donner un nouvel élan à ces territoires.
Reconstruire à l’identique serait une erreur. Nous ne pouvons plus aménager nos territoires sans prendre en compte les risques sismiques et cycloniques. La violence, la fréquence et l’imprévisibilité des phénomènes climatiques nous obligent à prévoir l’imprévisible. L’impératif qui doit guider notre action, c’est reconstruire de manière durable.
Ce défi est collectif. Il vous concerne vous aussi, élus et professionnels du tourisme, à la fois car votre secteur a été très impacté et aussi parce que l’avenir passe par un tourisme responsable. Saint-Martin devra se réinventer. Dans une moindre mesure, Saint-Barthélemy, la Martinique et la Guadeloupe ont aussi à s’inscrire dans un nouvel élan. Le Plan national de reconstruction de Saint-Martin, annoncé mercredi dernier par le Premier ministre, prévoit un retour à la normale d’ici quelques mois. La saison touristique sur Saint-Barthélemy doit reprendre d’ici le début d’année 2018. Pour Saint-Martin nous verrons que le défi est immense. Mais je fais le pari ici que ces territoires peuvent devenir une
vitrine du tourisme responsable.
Les îles d’outre-mer, qu’elles soient dans le Pacifique, dans l’Océan Indien ou dans l’Atlantique cumulent les risques liés au dérèglement climatique : je pense à la submersion, à l’érosion côtière ou aux cataclysmes climatiques que l’on vient de connaître avec Irma.
S’ils sont aux avant-postes des risques, les territoires ultramarins sont aussi les mieux placés pour être aux avant-postes des solutions. Je suis persuadée que les outre-mer sont les mieux placés pour être pilotes dans la mise en place des 17 objectifs de développement durable, adoptés par la France en 2015 à l’ONU.
Les Nations-Unies ont d’ailleurs décrété 2017 année du tourisme durable. Nos destinations outre-mer possèdent un patrimoine exceptionnel : 80% de la biodiversité française, des lagons d’exception parfois méconnus (Mayotte), des espaces classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
La question environnementale doit primer dans l’élaboration de nos politiques publiques à destination du tourisme. Et cela doit se faire ensemble, par une intelligence collective nourrie des expériences territoriales. Les territoires ultramarins ont vocation à être des terres d’excellence et d’innovation, y compris dans le secteur touristique.
No Comment