Société

Annick Girardin : Je suis pour le développement d’un Erasmus régional

Extraits du discours prononcé par Annick Girardin, Ministre des Outre-mer, au dîner des Trois Océans, à l’occasion de la semaine des ambassadeurs.

« … La politique régionale ne se résume pas à l’association des territoires et des élus à notre travail diplomatique. Ce serait s’arrêter au milieu du gué. L’Etat, et les diplomates qui le représentent, doivent prendre en compte les outre-mer dans leur approche…

Pour ouvrir nos territoires d’outre-mer à leur environnement régional, nous disposons de nombreux outils qu’il faut mobiliser

Le premier d’entre eux est l’inclusion des territoires ultramarins dans les instances de coopération régionale politique et économique. Beaucoup de chemin a été accompli…
Pour la zone Antilles-Guyane, il convient d’obtenir l’adhésion de la Guyane à la Commission Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes des Nations Unies et à Organisation du Traité de Coopération Amazonienne, ce qui suppose de lever les réticences du Pérou, de l’Equateur et – question éminemment épineuse à l’heure actuelle – du Venezuela.

Concernant la Guadeloupe, il faut soutenir l’adhésion à l’Organisation des Etats de Caraïbe Centrale, comme nous l’avons obtenu pour la Martinique et comme nous sommes en train de l’obtenir pour Saint-Martin.
Plus globalement, je souhaite que nos partenaires en matière de coopération régionale économique – Business France, Expertise France – raisonnent eux aussi en termes de bassins maritimes. L’Agence Française de développement doit décloisonner ses activités internationales et outre-mer en s’appuyant sur des stratégies régionales de développement durable. Le « monde en
commun », signifie aussi que les difficultés des pays voisins de nos territoires ont des répercussions sur le développement des outre-mer eux-mêmes.

… Enjeu pour l’UE, la perspective de la fin des accords de l’UE-ACP en 2020. Trois ans en diplomatie, c’est demain ! Il faut défendre le positionnement des Etats de la Caraïbes et du Pacifique au titre de l’aide européenne au développement, sous peine de mettre en péril nos outils budgétaires d’intervention. Enfin, au regard du Brexit qui se précise, analysons bien la place accordée aux RUP / PTOM dans le système européen. Les PTOM britanniques quitteront à terme l’UE. Conséquence directe ? Le poids du lobby
des PTOM dans les réflexions européennes sera réduit et la France sera le seul pays européen possessionné dans certaines régions du monde.

Pour ce qui est des échanges universitaires, je suis pour le développement d’un Erasmus régional. J’irai même au-delà : je suis favorable à la création d’un « visa outre-mer » à destination des ressortissants des pays voisins.
L’idée serait de faciliter les modalités d’obtention d’un visa pour des raisons légitimes : le regroupement familial, la formation professionnelle, les déplacements pour des enjeux économiques, sanitaires et scientifiques. Un tel visa outre-mer permettrait de mieux maîtriser les mouvements migratoires.

Ce qui me conduit à évoquer les outils de coopération en matière de sécurité et de souveraineté. Les instances communes Préfets/Ambassadeurs ne doivent pas être des coquilles vides. Pour la zone Antilles-Guyane, contrairement à l’Océan Indien ou au Pacifique, aucun préfet de région dans la zone ne dispose d’un conseiller diplomatique. Une situation problématique pour la Guyane où les questions migratoires et de sécurité intérieure sont un enjeu de stabilité. Le Centre de coopération policière et douanière Guyane/Brésil fonctionne, il est à étendre avec les autres voisins que sont le Guyana et le Surinam. Des engagements ont été pris dans le plan d’urgence pour la Guyane, il faut s’y tenir.

Les Assises des outre-mer passent par la coopération régionale

Je crois en l’outre-mer des solutions. La coopération régionale en est une. Elle est l’un des vecteurs essentiels pour transformer les outre-mer en territoires d’excellence et d’innovation. Je souhaite que soient associées à nos échanges les organisations régionales de coopération.
Ces Assises seront le terrain idéal pour proposer des solutions de développement pérennes et pour inscrire la coopération régionale sur le long terme. Surtout, elles réuniront les acteurs institutionnels, économiques et issus de la société civile pour mettre en œuvre ces solutions.
La coopération régionale permettra de faire face aux défis et déséquilibres des sociétés d’outre-mer. Des déséquilibres locaux qui s’inscrivent eux-mêmes dans des déséquilibres régionaux. Identifier une solution pour un territoire d’outremer,
c’est aussi identifier une solution pour un pays voisin.

En 2015, la France a signé l’accord de Paris sur le climat. Les 17 objectifs de développement durable (ODD) constituent un défi pour les outre-mer. Par leur situation géographique, leur conscience environnementale et leurs spécificités, certains des outre-mer pourraient atteindre les ODD avant la métropole. En s’appuyant sur la coopération régionale dans leur bassin maritime et en misant notamment sur l’économie bleue, les territoires ultramarins ont vocation à devenir des territoires d’excellence sur ces enjeux.

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