22 Mé : L’Eglise aussi porte le flambeau de la Liberté
La messe est dite dimanche dernier, au stade du Lamentin où Monseigneur MACAIRE célèbre une cérémonie en créole, accompagné du Père Anderson sous les rythmes du bèlè dans la foi et dans la joie du partage culturel.
Toutes les Eglises de la Martinique commémorent l’abolition de l’esclavage ce week-end du 22 mai sous différents aspects : marche au flambeau, cantiques chantés sous les rythmes du bèlè durant la messe dans toutes les églises…
Au stade du Lamentin, les associations SHAKTI et MEL MAKREL ont choisi de regrouper toutes les confessions : catholique, musulmane, juive, indoue en signe de solidarité pour célébrer ensemble la fête du 22 mai, ayant comme point commun : la liberté, l’abolition de l’esclavage. « An sèl pèp, an sèl tchè pou vancé» chanté par Bèlè légliz, semble donner le message du vivre ensemble main dans la main pour aller de l’avant.
Même le Roi du Bénin était présent sur nos terres. Venu spécialement pour cette rencontre culturelle afin de partager ce moment de l’histoire et de rendre hommage à nos ancêtres esclaves.
C’est donc à l’initiative de ces deux associations que la rencontre des « divinités » s’est produite afin d’être ensemble, dans un souci de paix, d’unification humaine et spirituelle. Le roi du Bénin qui porte en lui une représentation identitaire a accepté de venir en Martinique pour tisser le lien qui nous unit. L’Evêque de Martinique, quant à lui, très ouvert à la culture et à la tradition a donc accepté également de s’associer aux autres en célébrant la messe en plein air, en créole, signe symbolique pour bien marquer l’identité de l’esclave et la libéralisation de la langue de l’esclave ! Le parler créole qui tamponne bien notre effigie et par là même, la transmission linguistique de notre histoire est à l’ordre du jour en ce 22 Mé.
Le chant à l’esprit saint qui Lui, est considéré comme étant la troisième personne de la Trinité dans la religion catholique, annonce qu’Il est le soleil de l’esprit pour éclairer la terre, l’amour, l’esprit qui, force de prier le Dieu du ciel, d’amour et de Vérité a dû entendre les cris, les pleurs, les souffrances, les violences, les discriminations que subissaient « les enchaînés » sous le joug de l’esclavage…Liberté ! Egalité !
«Semblé la bon’ nouvel » s’exprime par le bèlè qui fête avec entrain le 22 mai. Car le bèlè est libre ! Et l’Eglise aujourd’hui rentre en action pour la mémoire !
Un long week-end armé de son de tambour de-ci-delà pour rappeler au loin des mornes et des coins de rue les cris, les coups, les larmes de sang coulées pour le prix de la liberté…
Joseth SYMPHOR
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