Société

P. Ludosky : Les gens avaient l’impression que j’étais quelqu’un d’important, qu’ils ne pouvaient pas me parler

Sa pétition « Pour une Baisse des Prix du Carburant à la Pompe ! » a réuni plus de 1 250 000 signatures. Priscillia Ludosky, analyse, un an après, pour Xavier Eutrope de la Revue des Medias son expérience de la notoriété.

« À la radio on était dans le débat vraiment vrai et cru, où l’on pouvait exprimer nos idées, il n’y avait pas de volonté d’aller à une station essence pour me montrer en train de faire le plein. On s’en fichait un peu, on voulait savoir ce que j’avais à dire…

Avec la presse écrite, les entrevues pouvaient durer une heure avec un peu plus de possibilités d’exprimer certaines choses, d’aller au cœur des problématiques….

Mais j’ai vite arrêté les reportages télé. Je donnais une heure de mon temps, dont seulement deux minutes étaient gardées comme ce n’était pas le seul sujet à évoquer dans le journal…

J’ai cherché à m’exprimer auprès du grand public et à me confronter aux personnes à qui j’avais des questions à poser. L’intérêt du public se manifestait sur les réseaux sociaux et par la pétition qui gagnait de plus en plus de signatures. Il y avait clairement un sujet. Les médias auraient été « hors-jeu » à ne pas entrer dans la course, ne pas se soucier de ce qu’il se passait sur les autres plateaux alors que c’était un sujet d’actualité…

J’ai été beaucoup reconnue en manifestation. Être passée à la télé a créé quelque chose… Les gens avaient l’impression que j’étais quelqu’un d’important, qu’ils ne pouvaient pas venir me parler. Je ne comprenais pas trop au départ…

Je n’avais plus du tout de vie quand j’allais sur les plateaux télé. C’était toute la journée : radio, télé, presse. J’étais hyper prise… J’ai reçu à un moment plus de 500 appels en 48 heures et de très nombreux messages. Il faut savoir gérer, prendre le temps…

Je bloque les trolls sur les réseaux sociaux, je ne perds pas de temps avec ça. Dès que je poste quelque chose, ils commencent et se mettent à plusieurs, ça me fait rire. Je ne sais pas ce qu’ils attendent de leur comportement, mais ça ne marche absolument pas sur moi. Ça me montre qu’il y a des gens qui, sans chercher le fond du problème, vous insultent, juste pour vous déstabiliser, alors que vous avez posté quelque chose avec lequel ils seraient certainement d’accord si vous les aviez connus dans d’autres circonstances…

J’ai donné beaucoup de mon temps aux universitaires et aux personnes qui travaillaient sur la retranscription des informations et sur leur interprétation dans le cadre de mémoires, de thèses, de livres ou des documents liés à l’éducation. Ce sont des écrits qui restent…

On se met tous un peu en danger dans le mouvement. Mais j’ai l’impression qu’il n’y a pas eu ce courage-là chez tous les journalistes… ils ont plus de pouvoir qu’ils ne le croient. Leur fonction de contre-pouvoir très puissant n’est plus à l’image de ce que j’imaginais. »

larevuedesmedias.ina.fr

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1 Comment

  1. Guy Girard
    novembre 18, 2019 at 21:43 — Répondre

    CHAPEAU PRISCILLIA LUDOSKY !

    Je tire un grand coup de chapeau à Priscillia Ludosky que je ne connais pas et dont j’ignore tout des motivations profondes qui l’ont portée dans ce combat où elle avait tout à perdre. J’ai l’impression qu’elle a été comme « the right person at the right place ». Elle a su instinctivement peut-être trouver la bonne distance au plus fort du « cyclone jaune » certainement par sa force de caractère personnelle qui lui faisait garder les pieds sur terre et la tête aussi, car n’espérant rien de particulier pour elle. Elle a su éviter toutes les pressions et tous les lieux communs qui, dans une tempête pareille, finissent par vous précipiter au fond de l’abîme et c’est tout à son honneur.

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