La Réunion – La restauration scolaire dans les lycées publics
La chambre régionale des comptes de La Réunion a examiné la politique de restauration scolaire mise en œuvre par la région dans les 45 lycées publics du territoire pour les exercices 2021 et suivants.
Chargée de la gestion matérielle des lycées et de la restauration scolaire, la région Réunion assure cette compétence pour près de 44 000 élèves, dans un contexte où 36 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté et 18 % des adolescents sont en surcharge pondérale.
Alors que l’État est responsable du pilotage pédagogique des lycées et de la gestion des enseignants, la gestion matérielle des lycées et celle des personnels techniques assurant leur fonctionnement est une compétence de la région. À ce titre, elle est chargée de l’organisation de la restauration scolaire, qui est mise en œuvre par les établissements scolaires.
La région utilise essentiellement comme levier la tarification pour les familles, sa mesure phare étant l’instauration du repas à un euro à compter de la rentrée 2023.
Cette politique, qui n’a fait l’objet ni d’une évaluation préalable ni d’une évaluation à l’issue de sa première année de mise en œuvre, s’est traduite par une augmentation considérable du nombre de demi-pensionnaires, qui est passé de 12 885 en 2021 à 20 545 à la rentrée 2024. L’augmentation globale du nombre de repas effectivement consommés qui en a résulté est estimée à 43 % entre 2021 et 2024.
En 2024, la politique du repas à un euro a coûté 5,9 M€ à la région. Elle a été partiellement compensée par la revalorisation importante de la prestation d’aide à la restauration scolaire (PARS), versée dorénavant directement à la région par la caisse d’allocations familiales de La Réunion et non plus aux établissements
Le pilotage de la restauration scolaire par la région est lacunaire. En matière d’hygiène et de sécurité dans les cuisines, la maîtrise des risques de deux tiers des établissements ayant fait l’objet d’un contrôle est jugée insuffisante. La région n’a pas connaissance précisément des effectifs affectés en cuisines. Elle se dit confrontée à un vieillissement de ses agents, et l’absentéisme pour raisons médicales est important. La hiérarchie partagée avec l’éducation nationale contribue aux difficultés de gestion.
Alors que de nouveaux objectifs législatifs sont entrés en vigueur depuis 2021 en matière de transition alimentaire, le rôle joué par la région est resté limité. Ces objectifs ambitieux fixés en matière de produits bio et durables ne sont pas atteints notamment en raison du coût des denrées et de difficultés d’approvisionnement. Les niveaux de gaspillage alimentaires sont supérieurs de 50 % à ceux enregistrés en moyenne au niveau national.
La chambre régionale des comptes formule 5 recommandations à l’attention de la région Réunion concernant la restauration scolaire dans les lycées publics.
1 – Elle invite d’abord la collectivité à définir dans ses conventions-cadres les modalités d’organisation de son autorité fonctionnelle envers les secrétaires généraux des lycées publics
2 – Elle lui recommande ensuite d’établir chaque année un bilan de sa politique tarifaire, notamment celle du repas à un euro, pour en mesurer les effets sur la fréquentation, les coûts et le gaspillage alimentaire.
3 – La chambre préconise également la mise en place d’un suivi précis de l’affectation des agents territoriaux, indispensable à une gestion plus rigoureuse de la masse salariale et à l’adéquation des effectifs aux besoins réels.
4 – Elle lui rappelle par ailleurs l’obligation de se conformer à la durée légale annuelle du travail de 1 607 heures avant la fin de l’année 2026.
5 – Enfin, elle l’invite à individualiser, dès le budget 2026, les dépenses d’investissement et de fonctionnement liées à la restauration scolaire conformément à l’instruction comptable M57.
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