Serge Bilé : Une conférence à Paris en janvier sur les déportés Noirs de la 2nde Guerre
La devise « Il faut laisser le temps au temps » pourrait être reprise à son compte par Serge Bilé. En 2005, la publication de son ouvrage « Noir dans les camps nazis » avait engendré une polémique. Meurtri, il avait alors choisi de ne plus promouvoir son livre.
Le natif d’Agboville en Côte d’Ivoire avait d’abord dû subir de sévères critiques de la part des historiens Kotek, Bruttmann et Morisseau sur la méthodologie employée, entraînant une réplique de sa part dans les colonnes du Monde. Mais la polémique ne s’arrêtait pas là. Favori du prix Essai 2005 de France Televisions, il était brutalement mis hors course à l’issue du 1er tour à la suite d’allégations fallacieuses. Et cité par Dieudonné dans sa diatribe antisémite, il s’était retrouvé à devoir se dissocier de l’artiste sulfureux. Malgrė des soutiens venus d’autres historiens, une victoire au Tribunal et la condamnation de France Télévisions à lui verser 10 000 euros, le présentateur de Martinique 1ère avait choisi de tourner la page.
15 annėes se sont écoulées depuis. Mais les faits historiques narrės dans son ouvrage demeurent. C’est en Afrique qu’eurent lieu le premier et le dernier génocide du XXe siècle (Namibie 1904, Rwanda 1994). Et si l’idéologie raciale nazie visait principalement les Juifs, elle s’étendait aussi aux Tsiganes, aux Slaves et aux Noirs. (Holaucaust Encyclopedia).
L’ecrivain réalisateur a publié un communiqué dans lequel il annonce sa participation à un prochain colloque sur la déportation des Noirs.
« Même si j’ai gagné mon procès contre les détracteurs de mon livre « Noirs dans les camps nazis », je refusais depuis 2005, date de sa sortie, de revenir sur cet ouvrage, quand on me sollicitait, pour ne pas réveiller la fausse polémique allumée par cinq historiens mal intentionnés qui m’avaient pourtant, pour deux d’entre eux, sollicité, avant mon succès, pour que je travaille avec eux…
Ce matin, j’ai reçu un mail de la direction du mémorial des martyrs de la Déportation, m’invitant à donner une conférence, à Paris en janvier 2020, sur la déportation des Noirs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le fait que cette proposition émane de ce Haut lieu de la mémoire nationale m’a touché, mais je m’apprêtais à nouveau à refuser, lorsque deux visages sont apparus ce soir, presqu’en même temps, à la télévision et dans ma tête.
D’abord le visage de Simone Veil, avec laquelle j’ai participé à une émission sur France 3 à la sortie du livre et qui avait apprécié mon travail et dont le courage dans les camps m’avait impressionné. Ensuite le visage de John William, le déporté franco-ivoirien qui m’avait accompagné dans la réalisation du documentaire en 1994 puis du livre dix ans plus tard, mais également lors de la promotion.
J’avais enfoui ces deux visages aimés dans mes souvenirs. Mais le fait qu’ils réapparaissent, d’un coup d’un seul, ce soir, au moment où je m’apprêtais à répondre négativement à l’invitation, est un signe. Alors, je me suis à nouveau posé beaucoup de questions pour aboutir à cette conclusion.
J’ai eu tort de tourner la page de ce livre, devenu emblématique, pour avoir la paix, ma paix, et continuer à œuvrer sur d’autres thèmes tout aussi importants pour moi. Donc j’ai accepté de donner cette conférence ».
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